Avis sur la série Jigoku Shigurui : Furie meurtrière (2007) - Jigoku (2024)

Il est rare que je me fende d'une critique pour expliciter une note sur SC. D'autant que bien souvent, et a fortiori lorsqu'il s'agit d'animés, mes notes ne s'expliquent pas. Si je m'identifie à un ou plusieurs personnages, si l'histoire me fait suffisamment rêver, rire ou pleurer, en général la note est bonne. De fait, certaines sont donc loin d'être objectives et méritées. Et surtout il est difficile d'en partager les raisons si ce n'est avec des personnes ayant des goûts très similaires aux miens. Mais pour ce qui est de Shigurui, il me semble possible d'en donner quelques unes. Alors évidemment, vu la note, j'ai adoré. Mais pas de la même façon que les autres.

Ici, j'ai adoré me faire du mal. J'ai adoré m'abandonner au désespoir et la noirceur offerts par cette série, comme des destins immuables qu'il est moins douloureux d'accepter tels quels plutôt que d'essayer de les combattre.


Un peu à la manière d'Iku qui s'abandonne aux mains (et à la langue ?) du vieux samouraï dégueulasse.

Shigurui est bien une esthétique de la cruauté, un panégyrique de la folie – pourvu que la force et la puissance soient au rendez-vous -, une fresque de l'enfer. Iku elle-même le dit dans le dernier épisode, mais si je ne m'abuse ce mot n'est jamais prononcé avant. Et pourtant...

Pas une seule seconde, au cours des douze épisodes, il n'est possible d'être traversé par un sentiment positif ou une sensation agréable. L'enfer ne se retrouve pas que dans le quotidien des samouraï, ou dans la cruauté et la folie dont la plupart font preuve. Il est partout. Dans le chant des cigales qui devient assourdissant. Dans la lumière d'été jamais douce et apaisante mais toujours aveuglante et étouffante. Dans le froid de l'hiver glacial et mordant jusqu'aux tréfonds. Dans les nuits où la lune et les étoiles ont perdu leur éclat. Dans tous les silences, où une sorte de main invisible semble venir enserrer la gorge des personnages et celle du spectateur. Dans les sentiments, qui n'existent pour ainsi dire pas dans leur forme positive ou connaissent immédiatement un destin funeste si tel est le cas. Dans le rythme de l'animé et la violence des scènes, comme une lente et interminable agonie et l'impression que du poison flotte dans l'air, en permanence.
Aucune chaleur, aucune bienveillance, aucun répit et à l'évidence aucun espoir n’apparaissent, à aucun moment. Ce qui dans un sens en fait une œuvre parfaite (d'où le 10). Et bien qu'il soit en revanche beaucoup question de respect, il ne semble motivé que par des sentiments bien moins nobles, telle que l'avidité de pouvoir, le désir de vengeance ou la crainte. Quant au respect lui-même, il prouve que toute notion est relative. Dans une rencontre entre écoles, on ne saurait tuer son adversaire...

Par ailleurs, la musique est parfaitement choisie, renforçant d'autant les moments d'agonie, l'impression de malaise, l'étouffement permanent. Et visuellement, c'est somptueux. Les scènes de combat apparaissent, de par leur beauté et la lenteur générale de l'animé, comme une série de tableaux. Les touches de rouge accentuées, bien que plus vraiment originales, étaient néanmoins de mise pour venir magnifier l'ensemble. Cette esthétique se retrouve jusque dans des scènes plus dérangeantes ou écœurantes sur lesquelles l'animé ne se montre pas économe, mais qui me semblent tout aussi indispensables pour parachever ce petit bijou. Un bijou fait d'os, de sang et de tripes, mais un bijou quand même.

Il s'agit sûrement là de la série la plus réussie (parmi celles qu'il m'ait été donné de voir), quand il s'agit de dépeindre l'enfer. Jusqu'à présent, le podium était occupé par Berserk et dans une moindre mesure la première saison d'Higurashi (voire peut-être aussi Another, qui tient sacrément la route niveau ambiance glauque et pesante mais que je trouve malheureusement raté pour le reste. Bref). Berserk et Higurashi donc, qui, de manière très différentes et bien qu'incluant chacune un versant fantastique, en donnent déjà un bon aperçu. Mais finalement, tellement moindre. Car dans ces deux animés (que je recommande vivement ceci étant) il y a des moments de joie, d'amitié, d'amour et d'espoir... absents comme vous l'aurez compris de Shigurui, ou trop écrasés par la noirceur ambiante pour pouvoir exister autrement que dans une sorte d'image en négatif et clandestine. Mais jamais par le verbe ou par l'affect. J'ajouterais sur ce podium, dans un tout autre registre, School Days. Qui lui vient dépeindre un enfer beaucoup plus actuel et réaliste, à la fois «passe partout» et passant inaperçu, beaucoup plus à notre portée... et peut-être le plus effrayant de tous.

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Author: Pres. Lawanda Wiegand

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